Ennui au bureau, manque de temps, souffrance éthique, stress, syndrome d’épuisement professionnel… voici, à première vue, le dessin d’un tableau assez noir du monde du travail en France. Un mal-être salarial qui a été malheureusement mis en lumière par les 35 suicides de France Telecom en 2008 et 2009. La sonnette d’alarme était tirée, les entreprises et le gouvernement ont commencé à agir afin de réduire la prévention du stress au travail. Aujourd’hui, les termes “burn out” et “bien être au travail” se font face et s’affrontent.
Différents phénomènes sont à considérer pour comprendre les nouveaux codes du travail.
Si l’on prend une approche globale, on constate que la mondialisation, la révolution numérique et les crises économiques ont joué un rôle clé si ce n’est essentiel.
Un changement rapide mais profond s’est opéré avec pour conséquence la redéfinition des codes du travail, un tout nouvel univers dont il faut vite saisir les enjeux.
Ces nouvelles attentes ont eu comme effet une évolution du monde du travail avec des demandes plus complexes, soumises sous pression et dopées par une absence de management.
L’augmentation des crises économiques et le développement des technologies numériques a accentué l’esprit de compétition dominé par la peur du chômage. Dans une société dictée par le temps ressenti comme subi, la prolifération du stress est alors chose aisée.
A l’ère de la connectivité sans limite, la frontière entre vie personnelle et vie professionnelle s’est également effritée laissant un passage ouvert aux abus des entreprises. Choisir entre peur du licenciement, pression des primes, stress de passer à côté de quelques chose ou oser se déconnecter et passer le dimanche en forêt ? Pour 63% des cadres et chefs d’équipe, la décision finale n’est pas champêtre.
“Drone view of busy highway interchange surrounded by buildings and trees in Shanghai, China” by Denys Nevozhai on Unsplash
Mauvaise élève, la France tenait en 2010 la troisième position mondiale des dépressions liées au travail (sondage CSA). Un chiffre déconcertant qui souligne l’urgence du mal-être français. D’autant que le stress a un coût, pour le salarié en premier lieu mais également pour l’entreprise et les pouvoirs publics. Un salarié malheureux ne peut être productif et enthousiaste dans son travail. Enfin, l’institut de la veille sanitaire estime à plus de 200 000 par an les maladies liées au stress.
Oui le burn out coûte cher. Un état dépressif élevé qui ne se quantifie pas seulement en termes économiques puisqu’il va, avant tout, entraîner de lourds dommages psychosociaux bouleversant la sphère personnelle du salarié, celle de son entourage et sa capacité future à retourner travailler.
Reconnaître le burn out comme maladie professionnelle est un débat toujours en cours au sein des hautes instances politiques. Le troisième Plan Santé au Travail 2016-2020 est lancé avec une démarche stratégique sur la prévention primaire et secondaire contre le stress en milieux professionnel.
En attendant une réponse gouvernementale, de nouvelles définitions du bien-être en entreprises ont vu le jour et les pratiques de la Qualité de Vie au Travail (QVT) sont en plein essor.
Aidées par des coachs, appuyées par leurs employeurs, les entreprises s’adaptent et proposent différentes activités et techniques de travail pour répondre à la demande d’une gestion managériale améliorée et d’une bienveillance à l'égard de leurs salariés.
Encourager le télétravail, développer le partage de moments conviviaux et la bonne qualité des relations entre collaborateurs, valoriser les performances, encourager la bienveillance comme culture d’entreprise… Autant de concepts applicables pour une meilleure redéfinition du bien-être au travail, une réduction du stress et une augmentation de la productivité.
Photo by Connor Limbocker on Unsplash
Certaines entreprises se démarquent par exemple dans leur gestion du télétravail. C’est le cas de Foncière des Régions, spécialisée dans l’immobilier. Les employés ont accès à 5 jours de télétravail par mois et se doivent d’être présents au minimum 3 jours dans la semaine. Des conditions calculées pour maintenir une bonne cohésion d’équipe et éviter une surcharge de travail, un chevauchement entre vie pro et vie perso.
Le bonheur en entreprise passe également par une meilleure gestion managériale et un lien entre direction et salariés.
En ce sens, l’entreprise Nature et Découvertes abonde d’initiatives pour ses collaborateurs. Plateaux repas autour de thématiques diverses pour favoriser les connaissances, partage des résultats et points clés de la direction avec les salariés du siège, entretiens RH 180°, remises de prix en internes… l’enseigne a misé sur une QVT inspirante alliant pratiques sociales, économiques, solidaires et sportives.
Si l’on se penche sur ce dernier aspect, pas des moindres, on constate qu’une meilleure compréhension des besoins de son corps favorise performance et réduction du stress. Notre corps est notre premier outil de travail, peu importe sa fonction ou son statut au sein de son espace de travail, il faut en prendre soin.
Favoriser les activités sportives, proposer des séances d'échauffement avant la prise de poste sont des leviers importants qu’il est nécessaire d’accompagner par un bien-être alimentaire.
Rien de nouveau sous le soleil, bien manger est essentiel pour préserver le capital santé et favorise concentration et productivité.
Le déjeuner est un des repas les plus importants de la journée et mérite une attention particulière, certaines entreprises ont accepté le défi et proposent désormais des activités avec des nutritionnistes.
Fini le sandwich englouti en un coup de pouce, notre rapport à l’alimentation se doit d'être révisé et adapté aux nouveau enjeux et modes de consommation.
Créé par l’association Corabio en 2011 “Manger Bio Local en entreprise” était un projet local dédié à la région Rhône Alpes. Récupéré par la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique, son déploiement s’est généralisé en 2017 avec pour objectif de servir environ 11 millions de repas par an.
“Colorful salad bar with greens, broccoli, black olives, peppers and more” by Dan Gold on Unsplash
Autre initiative à mettre en lumière, de multiples entreprises font désormais venir des coopératives de paniers biologiques au sein des bureaux et destinés aux collaborateurs. Certains souhaitant aller plus loin dans une démarche environnementale ont construit des ruches sur les toits grâce à des programmes associatifs. Le miel récolté est destiné aux collaborateurs ou vendu au profit d’un organisme caritatif.
Autant de pratiques intéressantes à favoriser et bonifier dans un milieu qui évolue vite, où le travail ne veut plus être subi mais voulu et où la réalisation de soi fait partie des aspirations des nouvelles générations.
Se réapproprier son temps, réussir à concilier vie pro et vie perso tout en trouvant emploi à son pied, voici un bref résumé de besoins primaires et essentiels modulés par de nouveaux enjeux face à une société qui ne cesse de changer.
Volontairement la question du droit à la déconnexion et de notre rapport au sommeil n’a pas été traité ici, un prochain billet lui sera consacré.